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occupiez de ma défense. On ne remercie pas de ces choses-là on les sent. On ne fait point d’excuse, on se corrige.

Voici la lettre de M. Garcin, il vient bien noblement à moi au moment de mes plus cruels malheurs ; du reste, ne m’instruisez plus de ce qu’on pense, ou de ce qu’on dit. Succès revers, discours publics, tout m’est devenu de la plus grande indifférence. Je n’aspire qu’à mourir en repos. Ma répugnance à me cacher est enfin vaincue. Je suis à-peu-près déterminé à changer de nom, & à disparoître de dessus la terre. Je sais déjà quel nom je prendrai. Je pourrai le prendre sans scrupule. Je ne mentirai surement pas. Je vous embrasse.

En finissant cette lettre, qui est écrite depuis hier, j’étois dans le plus grand abattement où j’aye été de ma vie. M. de Montmollin entra, & dans cette entrevue, je retrouvai toute la vigueur que je croyois m’avoir tout-à-fait abandonné. Vous jugerez comment je m’en suis tiré par la relation que j’en envoye à l’homme du Roi, & dont je joins ici copie, que vous pouvez montrer. L’assemblée est indiquée pour la semaine prochaine. Peut-être ma contenance en imposera-t-elle. Ce qu’il y a de fût, c’est que je ne fléchirai pas. En attendant qu’on sache quel parti- ils auront pris, ne montrez cette lettre à personne. Bon voyage.