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depuis la réception de votre lettre, je suis plus tranquille & même assez gai. Quand ils m’auront fait tout le mal qu’ils peuvent, je pourrai les mettre au pis. Graces à la protection du Roi, & à la vôtre, ma personne est en sureté contre leurs ateintes ; mais elle ne l’est pas contre leurs tracasseries, & ils me le sont bien sentir. Quoi qu’il en soit, si ma tête s’affoiblit & s’altere, mon cœur me reste en bon état. Je l’éprouve en lisant votre derniere lettre & le billet que vous avez écrit pour la Communauté de Couvet. Je crois que M. Meuron s’acquittera avec plaisir de la commission que vous lui donnez ; je n’en dirois pas autant de l’adjoint que vous lui associez pour cet effet, malgré l’empressement qu’il affecte. Un des tourmens de ma vie est d’avoir quelquefois à me plaindre des gens que vous aimez & à me louer de ceux que vous n’aimez pas. Combien tout ce qui vous est attaché me seroit cher s’il vouloit seulement ne pas repousser mon zele. Mais vos bontés pour moi sont ici bien des jaloux, & dans l’occasion ces jaloux ne me cachent pas trop leur haine. Puisse-t-elle augmenter sans cesse au même prix ! Ma bonne sœur Emetulla, conservez-moi soigneusement notre pere. Si je le perdois je serois le plus malheureux des êtres.

Avez-vous pu croire que j’aye fait la moindre démarche pour obtenir la permission d’imprimer ici le recueil de mes écrits, ou pour empêcher que cette permission ne fût révoquée ? Non, Mylord, j’étois si parfaitement là-dessus dans vos sentimens sans les connoître, que dès le commencement je parlai sur ce ton aux associés qui se présenterent, & à M*****. qui a bien voulu se charger de traiter avec eux. La proposition