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adressée, & renvoie à cette Dame, comme en réponse, le Sermon des cinquante. Surprise d’un pareil envoi de ma part, cette femme m’écrit par une autre voie,*

[*Cette lettre existe parmi les papiers de M. Rousseau. On en trouvera la réponse immédiatement ci-après.] & voilà comment j’apprends ce qui s’est passé.

Vous êtes surpris que ma lettre sur la providence n’ait pas empêché Candide de naître ? C’est elle, au contraire, qui lui a donné naissance ; Candide en est la réponse. L’Auteur m’en fit une de deux pages,*

[*C’est celle du 12 Septembre 1756.] dans laquelle il battoit la campagne, & Candide parut dix mois après. Je voulois philosopher avec lui ; en réponse, il m’a persifflé. Je lui ai écrit une fois que je le haïssois, & je lui en ai dit les raisons. Il ne m’a pas écrit la même chose, mais il me l’a vivement fait sentir. Je me venge en profitant des excellentes leçons qui sont dans ses ouvrages, & je le force à continuer de me faire du bien malgré lui.

Pardon, Prince, voilà trop de Jérémiades ; mais c’est un peu votre faute si je prends tant de plaisir à m’épancher avec vous. Que fait Madame la Princesse ? Daignez me parler quelquefois de son état. Quand aurons-nous ce précieux enfant de l’amour qui sera l’éleve de la vertu ? Que ne deviendra-t-il point sous de tels auspices ? De quelles fleurs charmantes, de quels fruits délicieux ne couronnera-t-il point les liens de ses dignes parens ? Mais cependant quels nouveaux soins vous sont imposés ? Vos travaux vont redoubler : y pourrez-vous suffire aurez-vous la force de persévérer jusqu’à la fin ? Pardon, Monsieur