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sapé le sacrement par sa base, pour avoir causé le plus dangereux scandale, pour avoir violé sans nécessité, sans utilité le plus saint de tous les devoirs, quand j’étois si bien dans le mien que je n’ai mérité que des éloges. Cette supposition, je l’avoue, une fois admise, paroît avoir ses difficultés.

Je trouve en général que vous les pressez en homme qui n’est pas fâché d’en faire naître. Si tout se réunit contre vous, si les Prêtres vous poursuivent, si le peuple vous maudit, si la douleur fait descendre vos parens au tombeau, voilà, je l’avoue, des inconvéniens bien terribles pour n’avoir pas voulu prendre en cérémonie un morceau de pain. Mais que faire, enfin, me demandez-vous ? Là-dessus voici, Monsieur, ce que j’ai à vous dire.

Tant qu’on peut être juste & vrai dans la société des hommes, il est des devoirs difficiles sur lesquels un ami désintéressé peut être utilement consulté.

Mais quand une fois les institutions humaines sont à tel point de dépravation, qu’il n’est plus possible d’y vivre & d’y prendre un parti sans mal faire, alors on ne doit plus consulter personne ; il faut n’écouter que son propre cœur, parce qu’il est injuste & mal-honnête de forcer un honnête homme à nous conseiller le mal. Tel est mon avis.

Je vous salue, Monsieur, de tout mon cœur.