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M. DE VOLTAI R E.

Comment ce pied-plat va en carrosse ? Le voilà donc bien fier ?

L’OUVRIER.

Oh ! Monsieur, il se promene aussi à pied. Il court comme un chat-maigre, & grimpe sur toutes nos montagnes.

M. DE VOLTAI R E.

Il pourrait bien grimper quelque jour sur une échelle. Il eût été pendu à Paris ; s’il ne se fût sauvé. Et il le sera ici, s’il y vient.

L’OUVRIER.

Pendu ! Monsieur ! Il a l’air d’un si bon homme ; eh, mon Dieu ! qu’a-t-il donc fait ?

M. DE VOLTAIRE.

Il a fait des livres abominables. C’est un impie, un athée.

L’OUVRIER.

Vous me surprenez. Il va tous les Dimanches à l’Eglise.

M. DE VOLTAIRE.

Ah ! l’hypocrite ! Et que dit-on de lui dans le pays ? Y a-t quelqu’un qui veuille le voir ?

L’OUVRIER.

Tout le monde, Monsieur, tout le monde l’aime. Il est recherché par-tout, & on dit que Mylord lui fait aussi bien des caresses.

M. DE VOLTAIRE.

C’est que Mylord ne le connoît pas, ni vous non plus Attendez seulement deux ou trois mois, & vous connoître l’homme. Les gens de Montmorenci où il demeuroit, ont fait