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d’après autrui que je l’ai jugé, mais d’après moi-même. Car, quoique vous en puissiez dire, j’étois quelquefois admis à l’honneur de lui voir donner ses leçons ; & je me souviens que, tour autant de profanes que nous étions là, sans excepter son écoliere, nous ne pouvions nous tenir de rire à la gravité magistrale avec laquelle il prononçoit ses savans apophtegmes. Encore une sois, Monsieur, je ne prétends point m’excuser en ceci-tout au contraire : j’aurois mauvaise grace à vous soutenir que M. Marcel faisoit des singeries, à vous qui peut-être, vous trouvez bien de l’imiter ; car mon dessein n’est assurément ni de vous offenser ni de vous déplaire.

Quant à l’ineptie avec laquelle j’ai parlé de votre art, ce tort est plus naturel qu’excusable ; il est celui de quiconque se mêle de parler de ce qu’il ne sait pas. Mais un honnête homme qu’on avertit de sa faute, doit la réparer ; & c’est ce que je crois ne pouvoir mieux faire en cette occasion, qu’en publiant franchement votre lettre & vos corrections, devoir que je m’engage à remplir en tems & lieu. Je ferai, Monsieur, avec grand plaisir, cette réparation publique à la danse & à M. Marcel, pour le malheur que j’ai eu de leur manquer de respect. J’ai pourtant quelque lieu de penser que votre indignation se fût un peu calmée, si mes vieilles rêveries eussent obtenu grace devant vous. Vous auriez vu que je ne suis pas si ennemi de votre art que vous m’accusez de l’être, & que ce n’est pas une grande objection à me faire, que son établissement dans mon pays, puisque j’y ai proposé moi-même des bals publics desquels j’ai donné le plan. Monsieur, faites grace à mes torts en faveur de mes services ; & quand j’ai