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cette supposition, pour chercher par analyse, quels effets doivent en résulter, quels moyens sont propres à l’établir, & quel espoir raisonnable on peut avoir de la mettre en exécution.

Il se forme de tems en tems parmi nous des espèces de Diètes générales sous le nom de congrès, où l’on se rend solemnellement de tous les Etats de l’Europe pour s’en retourner de même ; où l’on s’assemble pour ne rien dire ; où toutes les affaires publiques se traitent en particulier ; où l’on délibère en commun si la table sera ronde ou quarrée, si la salle aura plus ou moins de portes, si un tel Plénipotentiaire aura le visage ou le dos tourné vers la fenêtre, si tel autre fera deux pouces de chemin de plus ou de moins dans une visite, & sur mille questions de pareille importance, inutilement agitées depuis trois siècles, & très-dignes assurément d’occuper les Politiques du nôtre.

Il se peut faire que les Membres d’une de ces assemblées soient une fois doués du sens commun ; il n’est pas même impossible qu’ils veuillent sincèrement le bien public ; & par les raisons qui seront ci-après déduites, on peut concevoir encore qu’après avoir applani bien des difficultés, ils auront ordre de leurs Souveraine respectifs de signer la confédération générale que je suppose sommairement contenue dans les cinq Articles suivans.

Par le premier, les Souverains contractans établiront entr’eux une alliance perpétuelle & irrévocable, & nommeront des Plénipotentiaires pour tenir dans un lieu déterminé, une Diete ou un congrès permanent, dans lequel tous les différends