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pas, qu’ayant contracté dès leur enfance mille besoins que nous n’avons point, les réduire à l’état des pauvres, ce seroit les rendre plus misérables qu’eux. Il faut être juste envers tout le monde, même envers ceux qui ne le sont pas pour nous. Eh ! Monsieur, si nous avions les vertus contraires aux vices que nous leur, reprochons, nous ne songerions pas même qu’ils sont au monde, & bientôt ils auroient plus besoin de nous que nous d’eux ! Encore un mot & je finis. Pour avoir droit de mépriser les riches, il faut être économe & prudent soi-même, afin de n’avoir jamais besoin de richesses.

Adieu, mon cher Romilly, je vous embrase de tout mon cœur.

LETTRE À M. VERNES.

Montmorenci le 18 Novembre 1759.

Je savois, mon cher Vernes, la bonne réception que vous aviez faite à l’Abbé de St. Nom ; que vous l’aviez fêté, que vous l’aviez présenté à M. de Voltaire, en un mot, que vous l’aviez reçu comme recommandé par un ami ; il est parti, le cœur plein de vous, & sa reconnoissance a débordé dans le mien. Mais pourquoi vous dire cela ? N’avez-vous pas eu le plaisir de m’obliger ? Ne me devez -vous pas aussi de la reconnoissance ? N’est-ce pas à vous désormais de vous acquitter envers moi ?