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sur-tout apprenez à respecter la Religion. L’humanité seule exige ce respect. Les grands, les riches, les heureux du siecle seroient charmés qu’il n’y eût point de Dieu ; mais l’attente d’une autre vie console de celle-ci le peuple & le misérable. Quelle cruauté de leur ôter encore cet espoir !

Je suis attendri, touché de tout ce que vous me dites de M. G.....quoique je susse déjà tout cela, je l’apprends de vous avec un nouveau plaisir ; c’est bien plus votre éloge que le sien que vous faites : la mort n’est pas un malheur pour un homme de bien, & je me réjouis presque de la sienne, puisqu’elle m’est une occasion de vous estimer davantage. Ah ! ***, puissai-je m’être trompé, & goûter le plaisir de me reprocher cent fois le jour de vous avoir été juge trop sévere !

Il est vrai que je ne vous parlai point de mon écrit sur les spectacles, car, comme je vous l’ai dit plus d’une fois, je ne me fiois pas à vous. Cet écrit est bien loin de la prétendue méchanceté dont vous parlez ; il est lâche & foible, les méchans n’y sont plus gourmandés, vous ne m’y reconnoîtrez plus : cependant je l’aime plus que tous les autres, parce qu’il m’a sauvé la vie, & qu’il me servit de distraction dans des momens de douleur, où sans lui je serois mort de désespoir. Il n’a pas dépendu de moi de mieux faire ; j’ai fait mon devoir, c’est assez pour moi. Au surplus je livre l’ouvrage à votre juste critique. Honorez la vérité, je vous abandonne tout le reste. Adieu, je vous embrase de tout mon cœur.