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je puise être sensible. Croyez que je veux être jusqu’au tombeau, honnête, vrai, & citoyen zélé ; & que s’il falloit me priver à cette occasion, du doux séjour de la Patrie, je couronnerois ainsi les sacrifices que j’ai faits à l’amour des hommes & de la vérité, par celui de tous qui coûte le plus à mon cœur, & qui par conséquent m’honore le plus.

Vous comprendrez aisément que cette lettre est pour vous seul ; j’aurois pu vous en écrire une pour être vue dans un style fort différent ; mais outre que ces petites adresses répugnent à mon caractere, elles ne répugneroient pas moins à ce que je connois du vôtre ; & je me saurai gré toute ma vie, d’avoir profité de cette occasion de m’ouvrir à vous sans réserve, & de me confier à la discrétion d’un homme de bien qui a de l’amitié pour moi. Bonjour, Monsieur, je vous embrasse de tout mon cœur avec attendrissement & respect.

LETTRE À M. VERNES.

Paris le 2 Avril 1755.

Pour le coup, Monsieur, voici bien du retard ; mais outre que je ne vous ai point caché mes défauts, vous devez songer qu’un ouvrier & un malade ne disposent pas de leur tems comme ils aimeroient le mieux. D’ailleurs, l’amitié se plaît