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& moi tous les instrumens nécessaires à cette solution. Et par exemple, quand vous faites naître la pensée des combinaisons de la matiere, vous devez me montrer sensiblement ces combinaisons & leur résultat par les seules loix de la physique & de la mécanique, puisque vous n’en admettez point d’autres. Vous Epicurien, vous composez l’ame d’atômes subtils. Mais qu’appellez-vous subtils, je vous prie ? Vous savez que nous ne connoissons point de dimensions absolues, & que rien n’est petit ou grand que relativement à l’œil qui le regarde. Je prends par supposition, un microscope suffisant & je regarde un de vos atômes. Je vois un grand quartier de rocher crochu. De la danse & de l’accrochement de pareils quartiers j’attends de voir résulter la pensée. Vous Moderniste, vous me montrez une molécule organique. Je prends mon microscope, & je vois un dragon grand comme la moitié de ma chambre : j’attends de voir se mouler & s’entortiller de pareils dragons jusqu’à ce que je voye résulter dur tout un être non-seulement organisé mais intelligent ; c’est-à-dire un être non aggrégatif & qui soit rigoureusement un, &c. Vous me marquiez, Monsieur, que le monde s’étoit fortuitement arrangé comme la République Romaine. Pour que la parité fût juste, il faudroit que la République Romaine n’eût pas été composée avec des hommes, mais avec des morceaux de bois. Montrez-moi clairement & sensiblement la génération purement matérielle du premier être intelligent ; je ne vous demande rien de plus.

Mais si tout est l’œuvre d’un Être intelligent, puissant bienfaisant ; d’où vient le mal sur la terre ? Je vous avoue que