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Vous croyez qu’une balourdise aussi grossiere une aussi extravagante contradiction devoit ouvrir les yeux à tout le monde & révolter contre l’impudence de nos Messieurs poussée ici jusqu’à la bêtise ? point du tout : en réglant leurs manœuvres sur la disposition ou ils ont mis le public, sur la crédulité qu’ils lui ont donnée, ils sont bien plus surs de réussir que s’ils agissoient avec plus de finesse. Des qu’il s’agit de J. J. il n’est besoin de mettre ni bon sens ni vraisemblance dans les choses qu’on en débite, plus elles sont absurdes & ridicules plus on s’empresse à n’en pas douter. Si d’A***.

[Alembert] ou D***.

[Diderot] s’avisoient d’affirmer aujourd’hui qu’il a deux têtes, en le voyant passer demain dans la rue tout le monde lui verroit deux têtes très-distinctement, & chacun seroit très-surpris de n’avoir pas apperçu plutôt cette monstruosité.

Nos Messieurs sentent si bien cet avantage & savent si bien s’en prévaloir, qu’il entre dans leurs plus efficaces ruses d’employer des manœuvres pleines d’audace & d’impudence au point d’en être incroyables, afin que s’il les apprend & s’en plaint personne n’y veuille ajouter soi. Quand par exemple un honnête imprimeur Simon dira publiquement à tout le monde que J. J. vient souvent chez lui voir & corriger les épreuves de ces éditions frauduleuses qu’ils sont de les écrits, qui est-ce qui croira que J. J. ne connoît pas l’imprimeur Simon, & n’avoir pas même oui parler de ces éditions quand ce discours lui revint ? Quand encore on verra son nom pompeusement étale dans les listes des souscripteurs de livres de prix, qui est-ce qui des-à-présent & dans l’avenir ira s’imaginer que toutes ces souscriptions prétendues sont là mises à son insçu, ou malgré