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clair que le jour, à tout le monde que c’est J. J. qui en est l’auteur.

La réputation qu’on lui a donnée, une fois bien établie, il est donc très-naturel qu’il en résulte, même chez les gens de bonne soi, les effets que vous m’avez détailles. S’il fait une erreur de compte, ce sera toujours à dessein ; est -elle à son avantage ? c’est une. friponnerie : est -elle à son préjudice ? c’est une ruse. Un homme ainsi vu, quelque sujet qu’il soit aux oublis aux distractions aux balourdises, ne veut plus rien avoir de tout cela : tout ce qu’il fait par inadvertance est toujours vu comme fait exprès. Au contraire les oublis les omissions les bévues des autres à son égard, ne trouvent plus créance dans l’esprit de personne ; s’il les relève, il ment ; s’il les endure, c’est à pure perte. Des femmes étourdies, de jeunes gens évapores feront des quiproquo dont il restera charge ; & ce sera beaucoup si des laquais gagnes ou peu fidelles, trop instruits des sentimens des maîtres à son égard, ne sont pas quelquefois tentes d’en tirer avantage à ses dépens ; bien surs que l’affaire ne s’éclaircira pas en sa présence, & que quand cela arriveroit, un peu d’effronterie aidée des préjugés des maîtres, les tireroit d’affaire aisément.

J’ai suppose, comme vous, ceux qui traitent avec lui, tous sinceres & de bonne soi ; mais si l’on cherchoit à le tromper pour le prendre en faute, quelle facilite sa vivacité son étourderie ses distractions sa mauvaise mémoire ne donneroient-elles pas pour cela ?

D’autres causes encore ont pu concourir à ces faux jugemens. Cet homme a donne à vos Messieurs par ses confessions