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capable de vaincre ses passions ! Mais il ne peut avoir que les passions relatives à son caractere, & des tentations basses ne sauroient approcher de son cœur. La source de toutes ses consolations est dans l’estime de lui-même. Il seroit le plus vertueux des hommes si sa force répondoit à sa volonté. Mais avec toute sa foiblesse il ne peut être un homme vil, parce qu’il n’y a pas dans son ame un penchant ignoble auquel il fut honteux de céder. Le seul qui l’eut pu mener au mal est la mauvaise honte, contre laquelle il a lutte toute sa vie avec des efforts aussi grands qu’inutiles, parce qu’elle tient à son humeur timide qui présente un obstacle invincible ardens desirs de son cœur, & le force à leur donner le charge en mille façons souvent blâmables. Voilà l’unique source de tout le mal qu’il a pu faire ; mais dont rien ne peut sortir de semblable aux indignités dont vous l’accusez. Eh comment ne voyez-vous pas combien vos Messieurs eux-mêmes sont éloignes de ce mépris qu’ils veulent vous inspirer pour lui ? Comment ne voyez-vous pas que ce mépris qu’ils affectent n’est point réel, qu’il n’est que le voile bien transparent d’une estime qui les déchire & d’une rage qu’ils cachent très-mal ? La preuve en est manifeste. On ne s’inquiète point ainsi des gens qu’on méprise. On en détourne les yeux, on les laisse pour ce qu’ils sont ; on fait à leur égard, non pas ce que sont vos Messieurs à l’égard de J. J., mais ce que lui-même fait au leur. Il n’est pas étonnant qu’après l’avoir charge de pierres, ils le couvrent aussi de boue : tous ces procédés sont très-concordans de leur part ; mais ceux qu’ils lui imputent ne le sont gueres de la tienne, & ces indignités auxquelles