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Mais cette haine envenimée comment est-on venu à bout de l’allumer ? Comment a-t-on pu rendre odieux à ce point, l’homme du monde le moins fait pour la haine, qui n’eut jamais ni intérêt ni désir de nuire à autrui, qui ne fit ne voulut ne rendit jamais de mal à personne, qui sans jalousie sans concurrence, n’aspirant à rien & marchant toujours seul dans sa route, ne sut en obstacle à nul autre, & qui au lieu des avantages attaches à la célébrité, n’a trouve dans la sienne qu’outrages insultes misère & diffamation. J’entrevois bien dans tout cela la cause secrète qui a mis en fureur les auteurs du complot. La route que J. J. avoir prise étoit trop contraire à la leur, pour qu’ils lui pardonnassent de donner un exemple qu’ils ne vouloient pas suivre, & d’occasionner des comparaisons qu’il ne leur convenoit pas de souffrir. Outre ces causes générales, & celles que vous-même avez assignées, cette haine primitive & radicale de vos Dames & de vos Messieurs, en à d’autres particulieres & relatives à chaque individu qu’il n’eut ni convenable de dire, ni facile à croire, & dont je m’abstiendrai de parler, mais que la force de leurs effets rend trop sensibles pour qu’on puisse douter de leur réalité, & l’on peut juger de la violence de cette même haine par l’art qu’on met à la cacher en l’assouvissant. Mais plus cette haine individuelle se décelé, moins on comprend comment on est, parvenu à y faire participer tout le monde, & ceux même sur qui nul des motifs qui l’ont fait naître ne pouvoit agir. Malgré l’adresse des chefs du complot, la passion qui les dirigeoit étoit trop visible pour ne pas mettre à cet égard le public en garde contre tout ce qui venoit de leur part. Comment, écartant