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avec les humains, même pour parler, me permettroit-on d’écrire ? On me laisseroit peut-être exprimer ma pensée afin de la savoir, mais très-certainement on m’empecheroit bien de la dire au public.”

“Dans la position ou je suis si j’avois à faire des livres, je n’en devrois & n’en voudrois aire que pour la défense de mon honneur, pour confondre & démasquer ses imposteurs qui le diffament : il ne m’est plus permis sans me manquer à moi-même de traiter aucun autre sujet. Quand j’aurois les lumieres nécessaires pour percer cet abyme de ténèbres ou l’on m’a plonge, & pour éclairer toutes ces trames souterraines, y a-t-il du bon sens à supposer qu’on me laisseroit faire, & que les gens qui disposent de moi souffriroient que j’instruisisse le public de leurs manœuvres & de mon sort ? À qui m’adresserois-je pour me faire imprimer qui ne fut un de leurs émissaires ou qui ne le devint aussi-tôt ? M’ont-ils laisse quelqu’un à qui je pusse me confier ? Ne fait-on pas tous les jours à toutes les heures à qui j’ai parle, ce- que j’ai dit, & doutez-vous que depuis nos entrevues vous-même ne soyez aussi surveille que moi ? Quelqu’un peut-il ne pas voir qu’investi de toutes parts, garde à vue comme je le suis, il m’est impossible de faire entendre nulle part la voix de la justice & de la vérité ? Si l’on paroissoit m’en laisser le moyen ce seroit un piège. Quand j’aurois dit blanc on me feroit dire noir sans même que j’en susse rien,*

[*Comme on sera certainement du contenu de cet écrit, si son existence est connue du public & qu’il tombe entre les mains de ces Messieurs, ce qui paroît naturellement inévitable] &