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vide pour ce qui n’est plus. Tout ce que j’ai cru d’entrevoir dans le peu qu’elle m’en a dit est, que dans la révolution causée à Turin par l’abdication du roi de Sardaigne, elle craignit d’être oubliée & voulut, à la faveur des intrigues de M. d’Aubonne, chercher le même avantage à la Cour de France, où elle m’a souvent dit qu’elle l’eût préféré ; parce que la multitude des grandes affaires fait qu’on n’y est pas si désagréablement surveillé. Si cela est, il est bien étonnant qu’à son retour on ne lui ait pas fait plus mauvais visage, & qu’elle ait toujours joui de sa pension sans aucune interruption. Bien des gens ont cru qu’elle avoit été chargée de quelque commission secrete, soit de la part de l’Évêque qui avoit alors des affaires à la Cour de France, où il fut lui-même obligé d’aller, soit de la part de quelqu’un plus puissant encore, qui sut lui ménager un heureux retour. Ce qu’il y a de sûr, si cela est, est que l’ambassadrice n’étoit pas mal choisie, & que, jeune & belle encore, elle avoit tous les talens nécessaires pour se bien tirer d’une négociation.


Fin du troisieme Livre.