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On examineroit en détail les besoins des familles surchargées, des infirmes, des veuves, des orphelins, & l’on y pourvoiroit proportionnellement sur un fonds formé par les contributions gratuites des aisés de la province. Ces contributions seroient d’autant moins onéreuses qu’elles deviendroient le seul tribut de charité, attendu qu’on ne doit souffrir dans toute la Pologne ni mendians ni hôpitaux. Les Prêtres, sans doute, crieront beaucoup pour la conservation des hôpitaux, & ces cris ne sont qu’une raison de plus pour les détruire.

Dans ce même comité, qui ne s’occuperoit jamais de punitions ni de réprimandes, mais seulement de bienfaits de louanges & d’encouragemens, on feroit sur de bonnes informations des listes exactes des particuliers de tous états, dont la conduite seroit digne d’honneur & de récompense. [1] Ces listes seroient envoyées au Sénat & au Roi pour y avoir égard dans l’occasion & placer toujours bien leurs choix & leurs préférences, & c’est sur les indications des mêmes assemblées que seroient données dans les colleges par

  1. Il faut dans ces estimations avoir beaucoup plus d’égards aux personnes qu’à quelques actions isolées. Le vrai bien se fait avec peu d’éclat. C’est par une conduite uniforme & soutenue, par des vertus privées & domestiques, par tous les devoirs de son état bien remplis, par des actions enfin qui découlent de son caractere & de ses principes qu’un homme peut mériter des honneurs, plutôt que par quelques grands coups de théatre qui trouvent déjà leur récompense dans l’admiration publique. L’ostentation philosophique aime beaucoup les actions d’éclat ; mais tel avec cinq ou six actions de cette espece bien brillantes bien bruyantes & bien prônées n’a pour but que de donner le change sur son compte & d’être toute sa vie injuste & dur impunément. Donnez-nous la monnaie des grandes actions. Ce mot de femme test un mot très-judicieux.