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sous les yeux du public il leur reste encore un assez grand nombre d’années à faire jouir la patrie de leurs talens de leur expérience & de leurs vertus, & à jouir eux-mêmes dans les premieres places de l’Etat du respect & des honneurs qu’ils auront si bien mérités. En supposant qu’un homme commence à vingt ans d’entrer dans les affaires, il est possible qu’à trente-cinq il soit déjà Palatin ; mais comme il est bien difficile & qu’il n’est pas même à propos que cette marche graduelle se fasse si rapidement, on n’arrivera guere à ce poste éminent, avant la quarantaine, & c’est l’âge à mon avis le plus convenable pour réunir toutes les qualités qu’on doit rechercher dans un homme d’Etat. Ajoutons ici que cette marche paroît appropriée autant qu’il est possible aux besoins du Gouvernement. Dans le calcul des probabilités j’estime qu’on aura tous les deux ans au moins cinquante nouveaux citoyens élus & vingt gardiens des loix : nombres plus que suffisans pour recruter les deux parties du Sénat auxquelles menent respectivement ces deux grades. Car on voit aisément que quoique le premier rang du Sénat soit le plus nombreux, étant à vie il aura moins souvent des places à remplir que le second qui, dans mon projet, se renouvelle à chaque Diete ordinaire.

On a déjà vu & l’on verra bientôt encore que je ne laisse pas oisifs les élus surnuméraires en attendant qu’ils entrent au Sénat comme Députés ; pour ne pas laisser oisifs non plus les gardiens des lois, en attendant qu’ils y rentrent comme Palatins ou Castellans, c’est de leur corps que je formerois le college des administrateurs de l’éducation dont