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n’en approchent point. À cent pas ils toucheront d’un coup de pierre une marque de la grandeur d’un demi-sol, & ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’au lieu de fixer comme nous les yeux sur le but, ils font des mouvemens & des contorsions continuelles. Il semble que leur pierre soit portée par une main invisible."

Le P. du Tertre dit à-peu-pres sur les Sauvages des Antilles les mêmes choses qu’on vient de lire sur les Hottentots du Cap de Bonne-Espérance. Il vante sur-tout leur justesse à tirer avec leurs fleches les oiseaux au vol & les poissons à la nage, qu’ils prennent ensuite en plongeant. Les Sauvages de l’Amérique septentrionale ne sont pas moins célebres par leur force & par leur adresse ; & voici un exemple qui pourra faire juger de celles des Indiens de l’Amérique méridionale.

En l’année 1746, un Indien de Buénos-Aires ayant été condamné aux galeres à Cadix, proposa au Gouverneur de racheter sa liberté en exposant sa vie dans une fête publique. Il promit qu’il attaqueroit seul le plus furieux taureau sans autre arme en main qu’une corde, qu’il le terrasseroit, qu’il le saisiroit avec sa corde par telle partie qu’on indiqueroit ; qu’il le selleroit, le brideroit, le monteroit, & combattroit, ainsi monté, deux autres taureaux des plus furieux qu’on feroit sortir du Torillo, & qu’il les mettroit tous à mort l’un après l’autre dans l’instant qu’on le lui commanderoit, & sans le secours de personne ; ce qui lui fût accordé. L’indien tint parole & réussit dans tout ce qu’il avoit promis ; sur la maniere dont il s’y prit & sur tout le détail du combat, on peut consulter le premier Tome in-12 des Observations sur l’Histoire Naturelle de M. Gautier, d’où ce fait est tiré, page 262.