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oculaires ; j’en tire au hasard quelques exemples des premiers livres qui me tombent sous la main.

"Les Hottentots, dit Kolben, entendent mieux la pêche que les Européens du Cap. Leur habileté est égale au filet, à l’hameçon & au dard, dans les anses comme dans les rivieres. Ils ne prennent pas moins habilement le poisson avec la main. Ils sont d’une adresse incomparable à la nage. Leur maniere de nager a quelque chose de surprenant & qui leur est tout-à-fait propre. Ils nagent le corps droit & les mains étendues hors de l’eau, de sorte qu’ils paraissent marcher sur la terre. Dans la plus grande agitation de la mer & lorsque les flots forment autant de montagnes, ils dansent en quelque sort sur le dos des vagues, montant & descendant comme un morceau de liége."

"Les Hottentots, dit encore le même auteur, sont d’une adresse surprenante à la chasse, & la légéreté de leur course passe l’imagination." Il s’étonne qu’ils ne fassent pas plus souvent un mauvais usage de leur agilité, ce qui leur arrive pourtant quelquefois, comme on peut juger par l’exemple qu’il en donne. "Un matelot Hollandois, en débarquant au Cap, chargea, dit-il, un Hottentot de le suivre à la ville avec un rouleau de tabac d’environ vingt livres. Lorsqu’ils furent tous deux à quelque distance de la troupe, le Hottentot demanda au matelot s’il savoit courir ? Courir ! répond le Hollandais, oui, fort bien.Voyons, reprit l’Africain, & fuyant avec le tabac, il disparut presque aussi-tôt. Le matelot confondu de cette merveilleuse vitesse, ne pensa point à le poursuivre, & ne revit jamais ni son tabac ni son porteur."

"Ils ont la vue si prompte & la main si certaine que les Européens