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gardent comme une nation libre, et s’intéressent à notre sort.

Un corps complet de législation serait pour nous, monsieur, le plus grand des bienfaits. Ce sera à vous de choisir la tâche que vous jugerez à propos. Nous ne voudrions pas nous rendre indiscrets à force d’exiger de votre bonne volonté.

Nous avons, il est vrai, un corps de lois civiles : c’est le Statut de Corse. Mais je crois qu’il serait mieux de le refondre ou de l’adapter au système politique, que de former celui-ci sur le Statut. Au surplus, quel que soit le travail que vous voudrez bien entreprendre, il excitera en nous une reconnaissance aussi sincère que l’objet en est louable et sanit.

Je suis à Paris depuis quelques jours ; je vais passer en Provence, et de là en Corse. Si vous voulez, monsieur, me donner de vos nouvelles, je pourrai les recevoir à mon passage à Aix, qui sera du 20 au 25 du mois. Si vous le désirez, je vous ferai tenir le Statut et d’autres ouvrages sur la Corse.

Il y a deux livres de justifications de la présente guerre ; ils ne sont pas faits de main de maître, mais les raisons et les griefs de la nation y sont discutés au long. Il leur manque une forme plus régulière, mais il faut en tout beaucoup d’indulgence pour les Corses, et ce n’est pas absolument leur faute s’ils sont dans l’ignorance. Nous avons aussi une histoire de notre pays jusqu’au seizième siècle, et quantité d’autres écrits, lesquels, réduits à leur juste valeur, feraient un bien petit volume.

Vous voudrez bien avoir la bonté de me marquer par quelle voie je pourrais vous faire parvenir ces différentes