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édifice raisonnable sur des fondements fermes et durables à jamais.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime et la considération possible, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

LETTRE II

J. J. ROUSSEAU À M. DE BUTTAFUOCO.
Motiers-Travers, 22 Septembre 1764.

Il est superflu, monsieur, de chercher à exciter mon zèle pour l’entreprise que vous me proposez. La seule idée m’élève l’âme et me transporte. Je croirais le reste de mes jours bien noblement, bien vertueusement, bien heureusement employé ; je croirais même avoir bien racheté l’inutilité des autres, si je pouvais rendre ce triste reste bon en quelque chose à vos braves compatriotes ; si je pouvais concourir par quelque conseil utile, aux vues de leur digne chef et aux vôtres ; de ce côté-là donc soyez sûr de moi ; ma vie et mon cœur sont à vous.

Mais, monsieur, le zèle ne donne pas les moyens, et le désir n’est pas le pouvoir. Je ne veux pas faire ici sottement le modeste ; je sens bien ce que j’ai, mais je sens encore mieux ce qui me manque. Premièrement, par rapport à la chose, il me manque une multitude de connaissances relatives à la nation et au pays ; connaissances indispensables, et qui, pour les acquérir, demanderont de votre part