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LKTTRKS INÉDITES. 481

temps de les achever. Ce que j’ai à vous dire n’est point un secret, il est parfaitement connu de ceux qui disposent de ma destinée, et tous mes vœux seraient qu*il le fût de tout l’univers : mais voilà ce qu’ils ne permettront jamais. Tout leur art et tout leur pouvoir sont employés à m’empècher de me faire entendre, et cette difficulté ne peut être levée à votre égard que de concert entre vous et moi.

Cela eût été plus facile peut-être avec monsieur votre fils: mais il est encore trop jeune. Mon dessein n’est point de séduire un jeune homme, niais de désabuser un homme sensé qui connaît le monde, et dont l’expérience et la ma- turité ne se laisseraient pas éblouir par de faux raisonne- ments.

Voilà, monsieur, la proposition que j’avais à vous faire. Voyez si elle peut vous convenir quand vous m’aurez en- tendu. Si vous jugez que j’ai tort, nous finirons là ; tout sera dit entre nous, sans que je vous demande aucun secret des choses que je vous aurai confiées, et vous pourrez mon- trer cette lettre à toute la terre, sans que je m’en plaigne ou que je le trouve mauvais. Ne vous donnez pas la peine de me faire une réponse par écrit ; si vous refusez, votre silence peut suffire pour me le faire entendre ; si vous ac- ceptez, il faut nous voir pour nous arranger. Si vous jugez que j’ai raison, alors je vous expliquerai en quoi je crois pouvoir contribuer à la fortune de monsieur votre fils, et vous trouverez dans cet arrangement, pour vous-même, la douceur de remplir sans peine les plus dignes devoirs d’homme honnête et juste, de bon père et de bon citoyen. En tout état de cause, il convient à votre prudence de ne parler de cette lettre à personne jusqu’à ce que vous sachiez de quoi il s’agit, alin que, sur cette connaissance.