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462 LETTRES INÉDITES.

celle d’apprendre celui de M. du Peyrou, mais son silence me tient dans la plus mortelle peine et je tremble qu il ne soit retombé. Vous m! obligerez extrêmement de vouloir bien me donner de ses nouvelles en même temps que des vôtres.

M. le prince de Conti n’est point encore venu. Sur ce qu’il m’a fait l’honneur de m’écrire, j’espère qu’il viendra dans peu. Je désire extrêmement de me retrouver enfin sous ses yeux ; mais, du reste, je doute que son voyage change rien à l’état des choses.

Mon petit bagage n’est point encore arrivé * : on me la annoncé pour aujourd’hui, mais comme jamais ce que j’attends n’arrive, j’ai pris le parti de n’attendre plus rien. J’ai compris que toute cette guenillerie avait dû donner beaucoup de tracas à vous et à vos correspondants, et je me suis reproché mon indiscrétion à cet égard, quoique je sois bien sûr du bon cœur avec lequel vous en avez pris la peine ; mais c’est qu’au fond, la chose ne la vaut pas. Mon herbier est la seule chose que j’eusse extrêmement regret- tée, et dont Isr perte eût été pour moi irréparable ; et je m’attends à le trouver en poussière à force d’avoir été far- fouillé par les commis, car rien n’est plus facile à briser que des herbes sèches. J’attends, pour vous rembourser le port, d’avoir la note que vous m’ayez promise afin de solder le compte tout à la fois.

Mes malheurs, cher Coindet, n’ont point altéré mon ca- ractère, mais ils ont altéré mon humeur et y ont mis une inégalité dont mes amis ont encore moins à souffrir que

  • D’Angleterre, où Rousseau avait passé l’année précédente.

{Note de r Éditeur.)