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LETTRES INÉDITES. - 455

LIV

AU MÊME.

Ce 25 août 1767.

J’ai vos trois lettres, cher chevalier *, car dépuis le ruban noir on ne vous connaît pas autrement ici. Je n’ai pas répondu aux deux premières, non-seulement parce que je n’avais rien de nouveau à vous marquer, mais parce que vous me laissiez en suspens si je ne vous verrais point ces fêtes. Ces sortes d’incertitudes m’inquiètent toujours, parce qu’on ne sait quel parti prendre sur un peut-être. Quelque plaisir que j’aie à vous voir, j’approuve fort que vous ne veniez que quand vous aurez quelque vide de temps à remplir. Je suis toujours tremblant que vous ne preniez quelque cho^ie sur vos affaires. L’avis de M. Neckerme revient ; je voudrais que vous leur donnassiez, non-seulement le soin, mais aussi le temps. Ces bou- tades de travail nuisent à la santé et souvent à la chose, et il est très-difficile que ce qu’on fait trop vite se fasse aussi bien *.

J’ai prévu, comme vous savez, le tour que prendrait votre négociation avec M. le prince «de C... Son Altesse ne pou- vant se mettre à ma place, ni voir ce qui se passe dans sa

^ Allusion à une circonslaQce inconnue qui avait fait donner ce surnom à M. Coindet. Il est curieux de voir qu’au milieu de ses pénibles préoccupa- tions, Rousseau pouvait cependant encore affecter le ton de la plaisanterie.

[Note de l’Éditeur.)

  • M Coindet travaillait à Paris, dans le» bureaux de MM. T^ecker et Thé-

lusson. {Note de l’Éditeur.)