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LETTRES INÉDITES. 447

fondé sur une priorité d’âge qui me rendrait bien votre grand’père, je vous ai appelé quelquefois : « Mon cher Coindet, » par une petite familiarité de barbon, j’ai eu tort de réclamer pour mes années la priorité due à votre rang^ Mais jusquoù m’entraîne une mauvaise plaisante- rie! Priez Dieu, mon jeune ami, que je ne fasse que rado- ter. Il me paraît assez bizarre que la gazette de Berne ne se trouve point à Paris. Ne serait-ce point parce qu’on m’y traite aussi de fou ? Ma folie a cela de bon qu’elle n’amuse personne autant que moi qui en sais la source et qui trouve plaisant de voir comme elle s’étend.

Ainsi, ne vous faites faute pour cela de m’envoyer la gazette de Berne ou quelque autre, car je parie qu’il n’y en a, dès à présent, aucune où Ton ne me loge aux petites maisons. Voilà précisément l’habitation qu’il me faut pour vivre en solitude. Tout le monde est si sage que je ne dois point trouver là de compagnons.

Je crois que c’est par la même raison que vous êtes si bref sur les nouvelles qui me regardent. Il est vrai que vous n’avez jamais voulu vous étendre avec moi là-dessus ; mais si votre unique motif est de ménager mon amour- propre, rassurez-vous et dites-moi tout. Car, comme en ce moment, ma position est unique, je désire savoir comment elle est vue, et, quoiqu’on en puisse dire, je suis beaucoup plus curieux que vous.

Vous m’avez magnifiquement envoyé deux couverts d’argent ; cela est fort bien, mais j’en aurais mieux aimé quatre d’autre chose, afin que, quand j’ai quelqu’un à

  • Tout ce passage se rapporte à une plaisanterie qu’il nous a élé impos-

sible d’éclaircir. (Note de r Éditeur.)