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CORRESPONDANCE

DE J. J. ROUSSEAU ET DE M. DE BUTTAFUOCO


LETTRE PREMIÈRE

M. DE BUTTAFUOCO À J. J. ROUSSEAU.
Mézières, le 31 août 1764.

Voulez-vous bien permettre, monsieur, à un Corse plein d’estime pour vous d’oser vous distraire dans votre retraite ? Vos occupations n’ont pour but que le bonheur des hommes. Cela seul me donnerait de la confiance, quand vous ne détesteriez pas la tyrannie, quand vous ne vous intéresseriez pas aux malheureux qu’elle opprime. Vous avez fait mention des Corses dans votre Contrat social d’une façon bien avantageuse. Un pareil éloge est bien flatteur quand il part d’une plume aussi sincère. Rien n’est plus propre à exciter l’émulation et le désir de mieux faire. Il a fait souhaiter à la nation que vous voulussiez être cet homme sage qui pourrait procurer les moyens de conserver cette liberté qui à coûté tant de sang à acquérir. Les Corses espèrent que vous voudrez bien faire usage pour eux