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452 LETTRES INÉDITES.

XXXVIII

À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA.

Yverdun, le 8 juin 1765.

Je dois aimer et bénir des persécutions qui m’attirent les grâces d’une si grande princesse, etTasile que m’offre Votre Altesse Sérénissime^ ferait dans la prospérité même l’objet de toute mon ambition. Mais, madame, je ne suis pas fait pour être heureux. Les maux, la fortune et les hommes disposent trop de moi pour me laisser rien faire de ce qui m’est agréable, et en croyant assurer ma liberté, je n’ai fait qu’appesantir sur moi toutes sortes de chaînes. Heureusement, il en est de très-douces qui me consolent des autres : c’est ce que m’ont fait sentir depuis longtemps les bontés de V. A. S. ; c’est ce qu’elle me fait mieux sen- tir encore aujourd’hui par la précieuse lettre dont elle vient de m’honorer et par les offres qu’elle daigne m’y faire. Je la supplie d’agréer les sentiments de ma plus vive reconnaissance et de mon profond respect, et de me croire, de V. A. S., etc., etc.

  • Nous avons connaissance de la lettre que cette princesse écrivit à Rous-

seau poui’ l’engager à l’aller voir quand il se rendrait à Berlin. Il parait qu’une curiosiié mal déguisée et un vain désir d’attirer l’attention publique entraient pour beaucoup dans Finvitalion, du reste gracieuse, que Jean- Jacques recevait de la duchesse. {Note de VÉditeur.)