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LETTRES INÉDITES. 4ti5

ment à ma personne, je me garderai bien de quitter la partie avant qu’elle soit finie. Je dirais volontiers d*un certain corps ce que disait du prince de Gondé un officier blessé à mort à la bataille de Seneffe : « Je voudrais vivre encore deux heures seulement, pour voir comment cet étourdi se tirera d’affaire. » — Mais comme les gens sans équité, sans bienséance et sans raison, n’ont ni règle ni mesure, il faut être prêt à tout avec ces gens-là, même aux dernières violences.

Je suis votre obligé, monsieur, et votre débiteur qui plus est. Sitôt que la saison deviendra belle et que je serai en état de marcher, j’irai payer ma dette et vous marquer ma reconnaissance. Acceptez, en attendant, je vous prie, pour vous et pour toute la république, mes très-humbles salu- tations.

XXXIV

N. l.E COLONEL CHAILLET’.

Holiers, le 5 avril 1765.

Vos conseils, monsieur, sont aussi sages que vos procé- dés sont généreux ; c’est tout dire. Mon cœur plaide bien avec vous pour l’avis de rester. La protection déclarée du conseil d’État, et surtout l’unanimité m’ont extrêmement touché. Inflexible aux plus mauvais traitements, je ne puis résister aux caresses : heureusement on ne s’est pas avisé de me gâter là-dessus ; j’aurais été trop facile à sé- duire. Cependant toutes mes raisons pour m’éloigner de

< De Neuchàtel. [NoU de l’Éditeur.)