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LETTRES INÉDITES. 415

d’images. J’imagine pourtant un moyen de donner un grand prix à mon portefeuille, ce serait que madame le Comte voulût l’enrichir de quelque morceau de sa façon.

XXVI

À M. B. TSCHAftNElt.

Le 29 novembre 1764.

Je ne puis vous exprimer, monsieur, combien je suis surpris, confus, attendri, d’apprendre dans ce moment Tin- térêt généreux que vous avez pris à mon sort dans le fort de mes disgrâces. Je lis avec une émotion, pleine à la fois de douleur et de reconnaissance, la lettre que vous écrivîtes à mon sujet à mon digne ami, M. Roguin, lors de mon dé- part dlverdun S et qui, jusqu’à ce moment, lui est demeurée cachée ainsi qu’à moi, par une de ces fatalités qui me poursuivent et que je ne puis même vous expliquer. Le bon vieillard, pénétré de cette bonté de votre part, est navré de son silence, et du jugement que vous en aurez porté, et moi, monsieur, qui me rappelle avec déchirement la froi- deur avec laquelle je reçus peu après Thonneur de votre visite, je vois qu’avec autant d’apparence que peu de vé- rité, je dois n’être à vos yeux qu’un ingrat. Moil un ingrat! .. . monsieur, je ne supporterai jamais de vous laisser cette idée, et je crois qu’un cœur comme le vôtre ne la nourrit pas avec plaisir. Mon ami n’ose vous écrire, parce qu’il

V

  • C’était en 1762, quand Roiu-seau fut expulsé du territoire bemoiSi et

qu’il se réfugia à Motiers. M. Tscharner, citoyen de Berne, écrivit à ce pro- pos à M. Roguin une lettre pleine de sympathie pour Rousseau.

{Note de VÉdUeur.]