Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/438

Cette page n’a pas encore été corrigée

412 LETTRKS INÉDITES.

point de liberté, et il n’y a que l’espoir de la liberté qui, dans l’état où je suis, donne assez de courage pour supporter cet ennuyeux travail. Voilà, monsieur, ce qui m’empê- che de me déterminer encore ; cependant, pour peu que je trouve ici des ressources, j’aime mieux que l’édition soit plus correcte et moins lucrative. Dans quelques mois, j’es- père savoir là-dessus à quoi m’en tenir ; mais comme les planches prendront plus de temps que Fimpression, il ne serait pas mal de commencer à s’en occuper, car enfin, de manière ou d’autre, l’entreprise se fera, et naturellement doit avoir du succès. J’ai médité longtemps et inutilemenl sur le sujet d’un frontispice. Tout ce qui me vient est trop vain, trop modeste ou trop chargé. Je voudrais un^sujet al- légorique et simple qui se rapportât à ma devise et qui ne fût ni lier ni rampant, mais vrai. Je ne trouve rien.

M. d’Alembert m’a fait saluer plusieurs fois, j’ai été sensible à cette bonté de sa part. J’ai des torts avec lui, je me les reproche ; je crains de lui avoir fait injustice, et je n’ai sûrement pas le cœur injuste ; mais j’avoue que des malheurs sans exemple et sans nombre et des noirceurs d’où j’en craignais le moins m’ont rendu défiant et crédule sur le mal. En revanche, je ne crains ni d’avouer mes erreurs, ni de réparer mes fautes ; que n’ai-je plus de répa- rations à faire, et que ne me suis-je trompé plus souvent 1 Pardon, monsieur, voilà bien du bavardage. Je ne vous parle que de moi, mais je m’épanche avec vous. Si ce n’est pas le langage de la politesse, c’est celui de la confiance et de l’amitié qui n’est pas moins fait pour vous.

P. S. — Je m’amuse comme un enfant à faire et feuil- leter auprès de mon feu des recueils, non d’estampes, mais