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LETTRES INÉDITES. ill

site qui dispense tout mon temps en soins inutiles à tout le monde et insupportables à celui qui lès prend.

Le retour de Fbiver, en ranimant mes maux, aigrit le sentiment de mes peines, et jamais je n’aspirai si vivei!lfieiit au moment de recouvrer toute ma liberté et de souffrir du moins à mon aise. Je n’en yois la possibilité que dai^ l’exé- cution du projet dont je vous ai padé, et à laquelle je v(hs, avec la plus vive reconnaissance, que vous ne dédaignez pas de concourir. Vous seriez bien payé de celte bonté, si vous pouviez sentir à quel point elle peut contribuer au bonheur d* un homme. Oui, monsieur, que je puisse mettre un intervalle entre mon dernier adieu au public et mon dernier soupir : quelque court que puisse être cet inter- valle, j’en saurais jouir, et tous mes malheurs seraient oubliés. Mais pour cela, il faut exécuter l’édition que je médite.

La bonté que vous avez de vouloir bien diriger les estampes de l’édition projetée, m’encourage beaucoup à l’entreprendre. Elle en sera plus agréable au public avec des ornements de votre choix et plus chère à Fauteur pour ces monuments de votre amitié pour lui. Je désire d’autant plus d’exécuter cette entreprise qu’elle est le seul moyen d’obtenir cet intervalle de paix que je désire tant. Mais je trouve, sur le choix du lieu, des difficultés qui me rendent encore indécis. Si je fais cette édition loin de moi, n’y pouvant veiller moi-même, je ne la pourrai garantir des incorrections dont fourmillent toutes celles qui ont été faites jusqu’ici par des libraires ; et si je prends le parti de la faire en ce pays, elle ne me donnera pas du pain, parce que nos libraires n’ont des écoulements ni assez prompts ni assez vastes pour y faire de grands profits. Or, sans pain,