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LETTRES INÉDITES. 409

Emile ; mais pouvez-vous croire que c’ait été là mon but et que le livre qui porte ce titre soit un vrai traité d’éduca- tion ? C’est un ouvrage assez philosophique sur ce principe avancé par l’auteur dans d’autres écrits, que l’homme est naturellement bon. Pour accorder ce principe avec cette autre vérité non moins certaine que les hommes sont mé- chants, il fallait dans l’histoire du cœur humain montrer l’origine de tous les vices. C’est ce que j’ai fait dans ce livre, couvent stvec justesse et quelquefois avec sagacité. Dans cette mer des passions qui nous submerge, avant de boucher la voie, il fallait commencer par la trouver. Je vous salue, monsieur, de tout mon cœur.

Je viens de m*apercevoir, monsieur, que vous -affran- chissiez vos lettres ; la multitude de celles qu’on m’écrit, me forçant d’avoir un compte à la poste, pouvait me dérober cette observation. Comme je n’aime pas à pointiller, je n’affranchirai pas les miennes. Je vous ferai seulement remarquer que ce procédé n’est pas ordinaire et qu’un homme qui dépense tous les ans cinquante écus en ports de lettres pour les affaires d’autrui, peut bien dépenser quelques sols pour les siennes \

XXIV

À MADAME LA VICOMTESSE d’aUBETERBE.

Notiers, 11 novembre 1764.

Sans avoir l’honneur d’être connu de vous, madame, j’ai cru que votre amitié pour madame de Verdelin vous ferait

• Cette lettre nous paraît particulièrement intéressante par Texposé qu’y fait Rousseau lui-même des tendances de V Emile. {Note de V Éditeur.)