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LKTTRES INÉDITES. 487

pour méritei’ les bontés de madame la princesse? Rien n’est si commun que des barbouilleurs de papier : ce qui estsi rare, c’est une femme de son rang qui aime à remplir ses devoirs de mère, et voilà ce qu’il faut admirer.

Vous m’inspirez pour M. et madame de Gollowkin toute l’estime dont vous êtes pénétré pour eux; mais, flatté de l’approbation qu’ils donnent à mes maximes, je ne suis pas sans crainte que leur enfant ne soit peut-être un jour la victime de mes erreurs. Par bonheur je dois, sur le portrait que vous m’en tracez, les supposer assez éclairés pour dis- cerner le vrai du faux et ne pratiquer que ce qui est bien. Cependant il me reste toujours une frayeur fondée sur l’extrême difliculté d’une telle éducation ; c’est qu’elle n’est bonne que dans son tout et qu’autant qu’on y persévère. S’ils viennent à se relâcher ou à changer de système, tout ce qu’ils auront fait jusqu’alors gâtera tout ce qu’ils vou- dront faire à l’avenir : si l’on ne va jusqu’au bout, c’est un grand mal d avoir commencée

XXII

a’ MADE)I01S£LLE norel, a COLOmUER.

Noiiers, lî avril 1764.

Voilà, mademoiselle, cette mienne figure que vous m’a- vez foit l’honneur de désirer. On dit que vous me voulez faire encore celui de me placer auprès de mon protecteur. C’est où j’aurais voulu passer ma vie, et vous me rendez du moins heureux en peiuture. Je voudrais que mon état et la saison me permissent d’aller vous offrir mes hommages