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pendant privilégiés, de la noblesse ; si les villes avaient des droits municipaux ; quelles étaient la manière d’administrer la justice, celle de faire la guerre, de prélever les impôts, etc. »

Dans un mémoire très-court, mais plein de questions, il indiquait tous les documents dont il avait besoin. Une partie lui fut envoyée par Paoli. D’après le caractère de Jean-Jacques, il est permis de croire que lorsqu’il se chargeait d’un travail, voulant le faire de son mieux, il était inquiet sur les moyens d’y parvenir, et n’en négligeait aucun. Le projet de donner des institutions politiques à un peuple qui venait de secouer un joug odieux était bien de nature à devenir l’objet de toutes ses sollicitudes. Par un singulier concours de circonstances, il avait non loin de lui l’homme le plus célèbre de ce temps, qui ne pouvait voir qu’avec un extrême dépit le rôle que Jean-Jacques allait jouer comme législateur. En apprenant les propositions qui lui étaient faites, Voltaire se servit de larme puissante qu’il maniait avec tant d’habileté, et tourna le projet en ridicule. Il fit courir le bruit que c’était une mystification, et même qu’il avait, lui, mis en jeu Paoli, pour


    pendant il m’a toujours paru que, politiquement parlant, c’était la seule véritablement grande chose à faire dans ce siècle de petitesses et de bagatelles.
    « J’ai toujours respecté le général Paoli comme un grand homme, et le choix qu’il a fait de vous me le fait estimer encore davantage. On dit que les Corses sont perfides ; il se peut qu’ils aient combattu les Génois avec leurs propres armes ; mais je doute que la perfidie, qui est un effet de la lâcheté, puisse s’allier avec le courage et la constance dont ce peuple belliqueux a donné des preuves si soutenues et si glorieuses.
    « Rendez donc la paix et la félicité à cette nation opprimée, adoucissez et simplifiez ses mœurs, et que les vertus de votre cœur se répandent sur elle, tandis que votre génie présidera à ses destins comme sur ceux de mes chers enfants. » (Note de l’Éditeur.)