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HS INSTITCTIONS POLITIQUES. 235

DES MŒURS

Si, dans chaque action, on laisse à pari les moyens pour ne ccmsidérer que la fin, on trouve incomparablement plus de bonnes actions que de mauvaises. Toutes ont pour ob- jet immédiat ou éloigné le bien-être de leur auteur, motif très-bon et très-innocent en soi, si Ton n’employait pas des voies criminelles pour y parvenir. Plusieurs font le bien par pure vertu et sans autre objet que le bien même, mais il est très-difficile de croire que jamais l’homme ait fait le mal pour le seul plaisir de mal faire ; d’où je conclus qu’il y a dans toute notre conduite plus d’aveuglement que de malice, et qu’un seul homme de bien honore plus l’huma- nité que tous les méchants ne la dégradent. Je ne me sers point avili par les crimes de Caligula, de Néron ni d’Hélîo- gabale, mais mon âme s’ennoblit et s’élève au récit des vertus d’Antonin.

Plusiem*s ont honoré la probité et récompensé la vertu ; mais autre chose est le caractère du monarque et autre chose l’esprit de la monarchie. Entendez sourdre et mur- murer le parterre au dénoûment du Tartufe ; ce murmure terrible qui devrait faire frémir les roi& vous expliquera trop ce que je veux dire.

Chaque état, chaque profession a son dictionnaire parti-