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SUR LA RÉVÉLATtON. 173

silence au-dessus de sa tête, et qui sans cesse lancent à tra- vers les espaces des cieux une lumière pure et inaltérable. Ces corps, malgré les intervalles immenses qui les sé- parent, ont entre eux une secrète correspondance qui les fait tous mouvoir selon la même direction, et il observe entre le zénith et Thorizon, avec une curiosité mêlée d’in- quiétude, rétoile mystérieuse autour de laquelle semble se faire cette révolution commune. Quelle mécanique in- concevable a pu soumettre tous les astres à cette loi ; quelle main a pu lier ainsi entre elles toutes les parties de cet univers,’et par quelle étrange faculté de moi-même, unies au dehors par cette loi commune, toutes ces parties le sont- elles encore dans ma pensée eu une sorte de système que je soupçonne sans le concevoir*^

I^a même régularité de mouvement que je remarque dans les révolutions des corps célestes, je la retrouve sur la terre dans la succession des saisons, dans lorganisation des plantes et des animaux. L’explication de tous ces phé- nomènes ne peut se chercher que dans la matière mue et ordonnée selon certaines lois. Mais qui peut avoir établi ces lois et comment tous les corps s y trouvent-ils assujet- tis ? Voilà ce que je ne saurais comprendre. D’ailleurs, le mouvement progressif et spontané des animaux, les sensa- tions, le pouvoir de penser, la liberté de vouloir et d’agir que je trouve en moi-même et dans mes semblables, tout cda passe les notions de mécanique que je puis Réduire des propriétés connues de la matière.

Qu’elle en ait que je ne connais point et ne connaîtrai peut-être jamais ; qu’ordonnée ou organisée d’une certaine manière, elle devienne susceptible de sentiment, de ré- flexion ou de volonté, je puis le croire sans peine : mais la