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FICTION

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MORGBAU ALLEGORIQUE SUR LA REVELATION

Ce fut durant une belle nuit d*été que le premier homme qui tenta de philosopher, livré à une profonde et délicieuse rêverie et guidé par cet enthousiasme involon- taire qui transporte quelquefois Tâme hors de sa demeure et lui fait, pour ainsi dire, embrasser tout F univers, osa élever ses réflexions jusqu’au sanctuaire de la Nature et pénétrer, par la pensée, aussi loin qu’il est permis à la sagesse humaine d’atteindre.

La chaleur était à peine tombée avec le soleil, les oi- seaux^ déjà retirés et non encore endormis, annonçaient, par un ramage languissant et voluptueux, le plaisir qu’ils goûtaient à respirer un air plus frais ; une rosée abondante et salutaire ranimait déjà la verdure fanée par l’ardeur du soleil ; les fleurs élançaient de toutes parts leurs plus doux