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INTRODUCTION GÉNÉRALE. xi

ce que je vois et de ce que je orois, j’di pris le parti d’achever la copie du morceau dont je voas ai parlé ci^devant, et même de vous Tenvo^er, très-pers^adé qu’il ne sera jamais nécessaire d’en faire usage, mais plus sûr encore que je lie risque rien de le confier à votre probité. C’est avec la plus grande répugnance que je vous extorque les frais immenses que ce paquet vous coûtera par la poste. Mais le temps presse, et, tout bien pesé, j’ai pensé que, de tous les risques, celui que je pouvais regarder comme le moindre était celui d’un peu d’argent. Certainement j’aurais fait mieux, si je l’a- vais pu sans danger. Mais, au reâte, en supposant, comme je Tespère, qu’il ne sera jamais nécessaire d’é- bruiter cette affaire, je vous en demande le secret, et je mets mes dernières fautes à couvert sous l’aile de votre charité. Le paquet sera mis demain, 24 décem- bre, à la poste, sans lettre, et même il y a quelque ap- parence que c’est ici la dernière que je vous écrirai.

« Adieu, clier Moultou, vous concevrez aisément que la profession de foi du Vicaire savoyard est la mienne. Je désire trop qu’il y ait un Dieu pour ne pas-le croire, et je meurs avec la ferme confiance que je trouverai dans son sein le bonheur et la paix dont je n’ai pu jouir ici-bas. »

Lors des troubles que la condamnation de VEmile suscita à Genève, Moultou fut un des plus ardents dé- fenseurs de Rousseau. Secondé par le professeur Jala- bert et par le colonel Charles Pictet, il chercha à agir isur le Conseil par tous les moyens que lui suggéra