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cieux manuscrits, et dont le nom se trouve lié par ce fait à la présente publication : je veux parler de mon bisaïeul, M. Paul Moultou, qui fut, jusqu’à la mort de Jean-Jacques, un de ses amis les plus sincères, et que sa qualité de ministre du saint Évangile et la pureté de ses croyances religieuses n’empêchèrent point d’être en relations suivies avec Rousseau et avec Voltaire. Ce fait, qui paraîtrait singulier aujourd’hui, n’avait rien de bien étrange au siècle passé.

M. Moultou était originaire de Montpellier. Son père, qui appartenait à la religion réformée, se trouvant enveloppé dans les nouvelles persécutions dont les protestants eurent à souffrir sous le règne de Louis XV, l’emmena de sa ville natale, et le conduisit à Genève, où il fut élevé. Il s’y voua au saint ministère, et devint bientôt un des meilleurs citoyens de sa patrie adoptive. La liaison de Rousseau avec Moultou remonte, comme on peut le voir dans les Confessions, à l’époque d’un voyage que le premier fit à Genève en 1755 ; c’est à ce moment aussi qu’ils commencèrent à s’écrire ; leur correspondance fut dès lors des plus suivies, et ne cessa que bien des années plus tard, lorsqu’une hypocondrie profonde fit négliger à Rousseau les personnes mêmes qui lui étaient le plus dévouées. Les lettres que celui- ci adressait à Moultou, et qui font partie de la Correspondance dans les éditions des œuvres de Jean-Jacques, prouvent assez, par leur nombre et par l’importance des matières qui y sont traitées, la haute estime et la confiance sans bornes que le philosophe avait pour le