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à leurs troupes, mettaient les premiers la main aux travaux du camp.

Quant aux amendes et confiscations, qui font dans les républiques une quatrième sorte de recette, j’espère, au moyen du présent établissement, qu’elle sera nulle à peu près dans la nôtre ; ainsi je ne la mets pas en ligne de compte.

Tous ces revenus publics étant en nature de choses plutôt qu’en monnaie, paraissent plus embarrassants dans leur recouvrement, dans leur garde et dans leur emploi, et cela est vrai en partie ; mais il s’agit moins ici de l’administration la plus facile que de la plus saine, et il vaut mieux qu’elle donne un peu plus d’embarras et qu’elle engendre moins d’abus.

Le meilleur système économique pour la Corse et pour une république, assurément pas le meilleur pour une monarchie et pour un grand État, celui que je propose, ne réussirait ni en France ni en Angleterre, et ne pourrait pas même s’y établir ; mais il a le plus grand succès dans la Suisse où il est établi depuis des siècles, et il est le seul qu’elle ait pu supporter. On donne à ferme les recettes dans chaque juridiction ; elles se font en nature ou en argent, au choix des contribuables ; le payement des magistrats et officiers se fait aussi, pour la plus grande partie, en blé, en vin, en fourrage, en bois. De cette manière, le recouvrement n’est ni embarrassant au public, ni onéreux aux particuliers ; mais l’inconvénient que j’y vois est qu’il y ait des hommes dont le métier est de gagner sur le prince et de vexer les sujets.

Il importe extrêmement de ne souffrir dans la république aucun financier par état, moins à cause de leurs gains malhonnêtes qu’à cause de leur pénible et fâcheux exem-