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LE GRAND SILENCE BLANC

C’est un vieillard alerte, vif, fluet. S’il porte des lunettes d’or ? Cette question ! Parbleu, comme tous les Chinois cossus et, vous pouvez m’en croire, Hong-Tcheng-Tsi est un Chinois cossu. Ce qu’il vend ? Je vous avoue que je n’en sais rien. Mais je vous affirme que Hong est un commerçant considéré même des Yankees. Si vous me pressez davantage, je vous dirai que je le soupçonne de se livrer à l’usure et au trafic de la drogue.

Je vous vois rire, de la drogue ? S’il y a un Chinois, il doit y avoir de la drogue, évidemment…

Hong-Tcheng-Tsi est tout près de moi. Sa voix aigrelette murmure :

— Ça ne vous intéresse pas ?

— Pas à la folie.

— Je vois ça… Il ne faut pas rester ici.

— Où aller, pour être plus mal ?

— Chez moi, si vous voulez…

— Oh ! alors…

Hong glisse sur le parquet, c’est sa façon de marcher ; je le suis à trois pas.

La porte ouverte, la pluie nous gifle le visage.

Le Fils du Ciel, philosophe, relève le col de son paletot. Moi, j’ai ma veste en peau de renne, mais je maugrée :

— Damné temps !

Comme si je n’avais pas l’habitude. Je dois vous avertir, puisque j’ai oublié de le faire, qu’il