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LE GRAND SILENCE BLANC

ment qui m’a jetée sur la piste, tandis que mes bêtes hurlantes se fracassaient sur la pointe des rocs.

Le frisson la reprend… ses yeux semblent revivre l’horreur passée.

Elle poursuit, sur le même ton bas, comme pour une confession :

— Ce n’est pas la tempête qui me fait peur… ce sont les hommes… La police montée me traque. Oui, moi, Jessie… on m’accuse du meurtre de Marlowe…



— Voilà trois semaines que cela dure. C’est un supplice abominable. J’erre de camp en camp. À peine installée, il me faut repartir. La moitié de mes chiens a crevé à la peine, l’autre est vous savez où. Je n’ai plus rien, ni bêtes, ni traîneau, ni vêtements, ni provisions. Rien, rien, rien, ni un briquet, ni une once d’or.

« Vous auriez bien dû me laisser dans la neige. C’est un sommeil d’où l’on ne revient pas.

« Ils sont sur ma piste depuis hier soir. J’ai coupé à travers la montagne pour gagner du