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LE GRAND SILENCE BLANC

je dis, à mon tour, mais avec une variante : « Pauvre Jessie Marlowe ! »



En entrant, je n’ai vu que le corps étalé… et les camarades qui veillent.

Mon regard se porte maintenant vers le fond de la salle et j’aperçois alors une femme, le dos appuyé contre la cloison de planche ; ses bras sont croisés sur sa poitrine, elle a une attitude hostile et farouche.

— Jessie Marlowe, me souffle mon compagnon.

Je l’ai, par Dieu, bien reconnue. On n’oublie pas Jessie Marlowe quand on l’a vue une fois.

Ses yeux sont fixes, sa mâchoire contractée… Son malheur immense l’accable, Niobé défiant le destin n’a pas dû être plus belle…

Pauvre Jessie Marlowe ! Je la plains sincèrement, je voudrais pouvoir aller vers elle et lui dire non pas de banales paroles de condoléance, mais des mots affectueux, ou plutôt ne rien lui dire, lui prendre simplement la main et pleurer, pleurer longuement avec elle.

Je n’ose pas. Ces gens qui nous entourent me