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LE GRAND SILENCE BLANC

contre un des patins de cuivre du traîneau. Il en reste tout étourdi.

L’affaire a été vite réglée, Tempest a profité du moment et a planté ses crocs au travers de la gorge de Flic.

Le robuste animal se relève et secoue mon Tempest comme une chiffe, son corps va de droite à gauche comme le battant d’une cloche, mais il ne desserre pas son étreinte.

Le sang gicle et aveugle Flic ; soudain, un long tremblement agite ses membres, ses jambes fléchissent, la bête gît sur la neige, pantelante, une eau grisâtre mouille son regard. Elle attend son destin…

Un seul aboi jaillit, immense, c’est la meute qui se précipite à la curée. Poor Flic !

Tempest s’est tenu à l’écart, il lèche à petits coups ses poils, vient à moi quêter une caresse. Je lui administre, pour la bonne règle, une magistrale volée ; pensez donc, Flic m’avait coûté 100 dollars… La raclée reçue, têtu, Tempest prend la place du leader

Qu’auriez-vous fait, sir ? Je lui ai passé les harnais du défunt et, depuis, il a conduit mon team comme une vaillante bête qu’il est.

Ce qu’il a fait depuis ? Il faudrait 350 pages d’un livre à 1 dollar 75 pour raconter ses exploits. Il a vécu de ma vie, souffert de ma misère, nous avons exalté ensemble notre joie.

Il sait des choses que les hommes ignoreront