Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
LE GRAND SILENCE BLANC

chance. Il eut la bonne fortune d’être rencontré par le mail stage, qui le rapatria. Le soir même, l’homme et le chien étaient à Dawson.

Le pionnier avait perdu tout son bagage, seule sa ceinture de cuir qu’il portait sur la peau lui restait, et la ceinture contenait encore quelques beaux dollars.

J’en viens maintenant à l’histoire. Donc, ainsi que je vous le disais, la chose avait été décidée dans un des bars de Dawson : le Monte-Carlo.

Il ne faut pas vous imaginer que la Dawson de 1902 était semblable à la ville d’aujourd’hui. Mais combien plus pittoresque !

Naturellement, nous avions eu des bars avant d’avoir une église : nous avions le Bank, l’Exchange, le Northern, le Savoy et surtout le Monte-Carlo où, pour un dollar, nous avions le droit de goûter les charmes de la valse entre les bras d’une dancing girl ; un dollar, yes, sir, pour une valse. Il est vrai que l’on donnait deux dollars pour un cocktail ; bah ! la terre « payait » et la poudre d’or semblait ruisseler entre nos doigts comme l’eau des sluice boxes. Heureux temps tout de même !

Les souvenirs m’emportent, excusez-moi. Or, un soir, au Monte-Carlo, nous vîmes entrer Hans Troemsen suivi de son inséparable chien Push. L’entrée du bon géant fit sensation. En effet, jamais le Scandinave ne franchissait le seuil du cabaret. Il était accompagné par Ralph Harris-