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LE GRAND SILENCE BLANC

l’homme a-t-elle pu s’affirmer ? Les centaines de cadavres des ouvriers que la White-Pass engloutit pourraient seuls répondre.

Les mineurs, pour franchir la Passe, confiaient leur destinée soit aux traîneaux que les chiens tiraient le long du trail, soit à des embarcations légères qui devaient résister au tumulte des eaux, aux chutes des rapides, aux sournoiseries des brisants.

La neige, les glaciers, les gouffres s’ouvrant tout à coup et avalant hommes, chiens et traîneaux, quarante degrés sous zéro n’eurent pas raison de l’énergie de ces farouches pionniers, qui avaient résolu d’arracher son secret à la terre mystérieuse.

La folie du Klondyke les soutenait ; nombreux furent ceux qui tombèrent, mais d’autres arrivaient qui réussirent leur aventureuse performance.

Là où rien n’existait que la solitude vierge, sur les berges de ce Yukon, le plus important, le plus grand des fleuves nord-américains du Pacifique, se dressèrent des campements qui, bientôt, devinrent des villes.

Une chose remarquable : dès que la « terre payante » était découverte, les mineurs arrivaient, attirés par la lueur fauve de l’or comme par la lumière, et avec eux, ces hommes amenaient toujours une ou deux dynamos, on posait des fils et les paysages du Grand Nord s’agrémen-