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LE GRAND SILENCE BLANC

soleil plus frileux et plus pâle, sa lumière diffuse enveloppe la grande ville qui, peu accoutumée, se réjouit. Et Paris apparaît, pas le Paris turbulent et luxueux, ni le Paris ouvrier, un seul coin surgit de l’ombre : la pointe de l’île Saint-Louis.

Je n’ai jamais pénétré dans l’île et soudain une envie furieuse me prend de la voir, tout de suite, tout de suite.

Je me lève si brusquement que Tempest aboie.

— Ah ! oui, te voilà, viens.

Je sors, le fouet en main.

— Allons, garçons, debout !

Les chiens surpris surgissent de leur trou, mal éveillés et secouant la neige qui tombe de leur poil. Plusieurs bâillent et étirent leurs pattes de devant.

Tempest, inquiet, rôde autour de moi, je le bouscule, il se plante à trois pas et me considère tout étonné.

Non, je ne resterai pas une minute de plus. Je veux partir, je veux partir maintenant. Je serai à Dawson dans deux heures, je réglerai mes affaires ; dans huit jours, je serai à White-Horse où je prendrai le train qui me conduira à Skagway ; avec un peu de chance, je rencontrerai bien un steamer descendant la côte qui en dix jours me mettra aux quais de Vancouver. Là, le Canadian Pacific Railway par le Fraser Canon, Banks et Calgary, la frontière américaine et New--