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LE GRAND SILENCE BLANC

chiens, ça n’est point drôle. Voilà quarante jours que Gregory Land est passé avec la poste. Il m’a laissé un numéro du Post-Intelligencer, de Seattle. Je le sais par cœur et pourrais vous réciter les articles et les annonces. C’est lui, Gregory, qui m’a annoncé que vous étiez campé sur la Stewart. Il m’a dit aussi que vous étiez Français. Je suis Écossais, moi (ici, Mac O’Neil soulève sa toque en peau de loutre), j’aime la France, moi, je ne suis pas une écrevisse, ni un mâcheur de gomme, moi… Alors, j’ai pensé : il doit s’amuser la même chose que moi, ce garçon, je vais aller le voir… et me voilà… La terre paye-t-elle ici ? ajoute-t-il au bout d’un moment.

— Peuh ! huit à neuf cents d’or à la pan

Mac O’Neil émet un sifflement admiratif.

— Voilà ce qu’elle donne chez moi.

Et dans le creux de sa main rugueuse, le mineur me tend des pépites grosses comme des amandes.

Lorsque j’ai apprécié leur valeur, il les renferme dans un petit sac de toile qui a contenu du tabac. Comme il serre les cordons et les noue avec attention, il soupire :

— C’est avec ça que nous aurions une belle Christmas à Glasgow. Je connais une taverne, dans la basse ville, où l’ale a la couleur du miel, et le jambon !…

Les souvenirs des ripailles passées lui revien-